Rien
Le travail de Laurent Moure oscille en permanence dans un entre-deux au bord du vide sans jamais basculer, ancré dans une réalité intangible : une image est toujours une image de quelque chose.

Les images issues de ce qui semble être le récit d'une vie, déroulent une litanie visuelle : la réel n'est pas intéressant.
L’œuvre jouent alors d'un espace de tension entre le vivant et l'inerte comme dans la nature fanée ou les représentations animales.












Dans ce faux-semblant mélancolique se glissent une ambition plus formelle : épuiser le réel du sens premier, de la narration souveraine, dépouiller, enlever, vider pour essayer de représenter ce qui reste, c'est à dire rien.
Le mot rien est issu du latin rem la « chose ». S'il n'y a rien c'est le vide, s'il y a rien, c'est donc qu'il y a quelque chose.
























L'arrivée est donc le point de départ.
Dans cette partie sans enjeux, où il n’y a cette fois-ci plus rien à perdre, l’artiste déploie un language abstrait partant d’éléments purs comme les couleurs du ciel où les rayons de lumières.

Mais une image est toujours une image de quelque chose.

Lorsque la forme disparait (comme dans la série des ciels par exemple), c'est le process de fabrication lui-même qui se donnent à voir et qui maintient l'image dans son espace de lecture. Process obtenu par des moyens photographiques détournés. La réaction chimique soulignée par le grain, la surexposition, le vignetage et le flou ancrent en permanence les images dans la réalité du geste.



Les œuvres de Laurent Moure sont des espaces liminaux, au seuil de la conscience et de la perception.
Dans ces espaces se trouve une forme de vérité sur nous-mêmes. Une vérité qui échappe à la conceptualisation.